
Les Special people Sillages Paris nous inspirent par leur style, leur parcours, leur façon de vivre leur vie ou leur rapport au parfum. Sillages Paris est une maison de Haute Parfumerie qui veut célébrer l’originalité et la singularité : à la fois dans le parfum, et dans les personnes qui le portent. En effet, nous pensons que chacun d’entre nous est spécial, donc chaque parfum devrait être spécial. Du coup, on fait parfois des rencontres que nous avons envie de partager avec vous. Ceux qu’on appelle nos special people peuvent être des gens que l’on croise, ou nos propres clients qu’on adore rencontrer. Pour chacun de ces gens spéciaux, nous avons créé le sillage parfait. Pour notre quatrième article special people, nous vous présentons Marine Maiorano-Delmas AKA @metauxlourds, une féministe sex positive – un terme qui prône la libération du corps, du sexe et du plaisir. A côté de son boulot en marketing et communication dans un “anti-” sex shop, elle gère sa propre communauté sex et body positive sur les réseaux sociaux et sur son blog, Diplodocul. Sa mission : aider à combattre les apriori, préjugés et tabous qui empêchent les femmes (et les hommes) de s’épanouir sexuellement – et mentalement. Super héroïne du self-care (prendre soin de soi, avec bienveillance), Marine est aussi une activiste body positive qui s’attaque à la grossophobie et cherche là aussi à pousser les murs des esprits trop étroits. Fille brillante, passionnée et passionnante, Marine nous subjugue par la liberté de ses choix.
The Miseducation of Marine Maiorano-Delmas
Avant de devenir Métaux Lourds, Jezabel Putride ou Catin Haineuse (de ses différents surnoms sur les réseaux sociaux) et de se battre pour la liberté du corps, Marine Maiorano-Delmas se promettait à une carrière dédiée aux animaux. Diagnostiquée “surdouée” ou haut potentiel intellectuel (HPI), Marine passe son bac à 16 ans. Quitter l’école est alors une libération, car elle se sent perpétuellement en décalage avec ses camarades à cause de sa différence d’âge avec eux, à cause des méthodes d’apprentissage peu adaptées à sa neuroatypie.
Et c’est parce qu’elle est une amoureuse des animaux que Marine se lance alors dans une prépa vétérinaire, puis en biologie. Elle rêve devenir biologiste marine et de s’occuper de bélougas, “les quenelles de la mer” comme elle les appelle. Fun fact mignonerie absolue: Marine nous explique sa passion bélouga par le fait qu’étant des êtres hyper joueurs, ils peuvent mourir d’ennui et de chagrin si l’on ne joue pas avec eux. D’où l’aspiration de carrière ultime : être LA personne qui joue avec les bélougas.

Finalement, en biologie Marine s’ennuie, et passionnée par le dessin depuis toujours, elle bifurque vers les Arts appliqués. Mais un Master de design industriel (produit) en poche, elle découvre le milieu du design dans lequel elle perçoit parfois une prétention qui la dérange. Elle en sort dégoûtée, par le milieu et par sa passion pour le dessin. S’ouvre alors une période charnière de découverte et d’affirmation de soi que Marine nous raconte, ou comment elle est devenue l’Amazone qui nous inspire tant.
Le make-up : outil d’expression de soi et de créativité
Il y a 8 ans environ, j’ai commencé à me maquiller et j’ai ouvert un blog qui a cartonné. Je n’étais pas sur une beauté standardisée dans le sens où je ne considérais pas le maquillage comme un outil pour se rendre belle. Je voyais plutôt le make-up comme une forme d’expression créative à part entière. A l’époque j’étais super intéressée par les transformations complètes, les effets spéciaux… Et le monde des drag queens m’a toujours fascinée – elles ont clairement été une de mes plus grandes inspirations.

Elles m’ont aussi appris à accepter et célébrer le fait d’être différent.e, parce que ce sont des performers incroyables qui montrent qu’on a le droit d’être qui on veut. Cela signifie même d’aller parfois dans quelque chose de complètement excessif et décadent! Mais elles clament haut et fort “tu en as le droit”, et c’est une œuvre à part entière. Ça a complètement changé ma vision de moi-même et de la vie.
Donc le blog a très bien marché, mais du coup j’ai commencé à enchaîner les shootings et les tournages et je me suis rendue compte que je ne m’amusais plus. Finalement j’ai décidé d’arrêter, et j’ai repris une période d’exploration avec des jobs pour des marques de cosmétiques.
La révélation du love store, ou anti-sex shop
Mais ma révélation, je l’ai eue le jour où je suis arrivée sur mon poste actuel, dans une boutique que l’on qualifie de “lovestore”. Cette boutique vise à briser les codes des sex shops traditionnels en promouvant une vision fun et décomplexée de la sexualité. A l’époque, quand j’ai vu qu’ils cherchaient une vendeuse, j’ai sauté sur l’occasion. J’ai toujours été vachement investie dans le militantisme sex positive* et dans le féminisme. Le sexe m’a toujours beaucoup intéressée. Pas dans le genre “Je suis une grosse chaudasse et j’ai envie de baiser tout ce qui bouge” (et quand bien même! ce serait très bien aussi). Mais plutôt le sexe dans les rapports sociaux, le sexe par rapport au genre… Dans la façon aussi dont on envisage la sexualité aujourd’hui (mal). La sexologie, les ressorts psychologiques mis en jeu, l’anatomie, sont des sujets qui me fascinent…
*Le mouvement sex-positive est un mouvement social et philosophique qui promeut la sexualité et l’expression sexuelle, en mettant l’accent sur le plaisir, les rapports sexuels protégés et consensuels. La positivité sexuelle, c’est “Une attitude envers la sexualité humaine qui considère toutes les activités sexuelles consensuelles comme fondamentalement saines et agréables, encourageant le plaisir sexuel et l’expérimentation. Le mouvement sex-positive préconise également une éducation sexuelle complète et une sexualité sans risque.” Le mouvement ne fait généralement aucune distinction morale entre les types d’activités sexuelles, considérant ces choix comme une question de préférence personnelle.
Extraits de la page “sex positive movement” de Wikipedia
“Je me suis rendue compte que je faisais un travail d’utilité publique !“
Et j’ai découvert que j’étais plus douée que ce que je pensais. En fait, je me suis rendue compte que je faisais un travail d’utilité publique ! Il m’arrive de voir des petites nanas timides qui finissent par me dire qu’elles sont super inquiètes parce qu’elles n’ont jamais eu d’orgasme, et qu’elles ont mal pendant la pénétration en me demandant « c’est normal non ? » Bah non, ce n’est pas normal. Et ce n’est pas de leur faute! Ce travail d’éducation ça leur change la vie, et il suffit d’en parler. Que ce soit des jeunes filles ou mêmes parfois des vieilles dames d’ailleurs. J’en ai eu qui revenaient quelques jours après pour me remercier, et ça c’est génial.
Mais ce n’est pas que les femmes qui souffrent du manque d’éducation sexuelle. Tu as des mecs qui viennent pour trouver un moyen de retarder l’éjaculation pour faire plaisir à leur copine… Sauf qu’il faut se détendre, personne n’a envie de se faire limer pendant 3h en fait ! On nous a appris que la pénétration c’était ce qu’il y avait de plus important, et que c’était ça le rapport sexuel : c’est pas vrai ! La pénétration c’est bien si ça te plaît, mais ça ne marque pas la fin du rapport. Il peut même ne pas y avoir pénétration du tout! Et que ça dure 3h ou 10min ce genre de préoccupation c’est révélateur d’une culture de la performance qui est hyper toxique.
Sexualité positive : le plaisir par l’éducation

Depuis quelques temps, j’ai commencé à faire des questions sexo sur mes stories Instagram. Ce n’est pas pour le boulot, je le fais complètement en perso. Et c’est dingue le nombre de questions que j’ai à chaque fois. Du coup, je ne peux même pas répondre à tous! Comme les stories ne permettent pas vraiment d’aller en profondeur, ça me contraint aussi à répondre de façon très résumée, mais je donne des pistes. La sexualité c’est tellement important, et on en parle si peu… Avec des petites choses comme ça je sens que j’ai un petit impact, et c’est génial. J’ai aussi commencé à écrire un blog qui parle de questions sexo qui s’appelle Diplodocul.
J’organise par ailleurs des workshops sexo (avec des femmes cis et majoritairement hétéro pour l’instant), notamment sur les sex toys. C’est un super outil de découverte de soi. Je voudrais aussi organiser un atelier pour les mecs cis hétéros parce que j’entends souvent des femmes se plaindre des mecs, comme s’ils étaient les seuls responsables du plaisir féminin! Il existe une perception que les femmes ont une sexualité en creux, que la femme est un réceptacle et attend son plaisir de l’homme, alors qu’il faut être actrice de son plaisir ! Donc déjà que les nanas connaissent généralement mal leur corps – comment s’attendre à ce que les autres devinent comment il marche ? Et en général, je me rends compte aussi qu’il y a de plus en plus de mecs qui sont curieux.
Le mouvement Body Positive : une bataille contre des standards de beauté aliénants
Je suis une femme et je suis grosse dans un monde où l’obésité est super mal perçue. Depuis que j’ai 12 ans je me bats contre des troubles du comportement alimentaire. J’ai été anorexique, boulimique… je suis passée de 50 à 120 kilos. Franchement, ça n’a pas toujours été facile.
Aujourd’hui quand t’es grosse, il y a plein de trucs auquel tu n’as pas accès. Et encore, moi je fais partie de ce que j’appelle les« grosses acceptables »! Au sein des grosses, je suis privilégiée: j’ai une morphologie en sablier que la société juge plus acceptable et qui est moins stigmatisée.

Mais quand t’es grosse, il faut savoir qu’il existe de nombreuses discriminations : une discrimination à l’embauche, des problèmes d’accessibilité pour le mobilier urbain, ou la santé même. Après tu as une discrimination plus larvée comme les réflexions dans la rue, les commentaires sur internet. Ou le fait que dès que tu te montres, on te taxe de faire l’apologie de l’obésité alors que non! Tu veux juste exister.
“Ce que je montre en ligne c’est 100% moi, ce n’est pas un personnage. Mais c’est moi au service d’une cause.“
Par ailleurs, je suis convaincue de l’importance de la représentation des personnes grosses dans les médias et en général. Ce que je montre en ligne c’est 100% moi, ce n’est pas un personnage. Mais c’est moi au service d’une cause. J’essaye de me détacher de tous ces standards qu’on nous impose. Avant je faisais beaucoup de photos hyper léchées, et maintenant je commence à vouloir faire des photos beaucoup plus relax. Je fais des selfies quand je ne suis pas maquillée, je poste des photos où on voit mes bourrelets… je me sens de plus en plus libre!
En fait, je trouve qu’Internet c’est génial, aussi parce que ça permet à des communautés discriminées de se parler et de se soutenir. Les minorités ne sont plus cachées, on voit qu’on n’est pas seuls, et ça permet de mettre en place des actions d’éveil collectif. C’est quelque chose d’hyper positif. Ça se voit aussi dans les pubs (le comble du mainstream) où on voit de plus en plus d’inclusivité. Je pense que dans un sens, les réseaux sociaux, les blogs… ça fait aussi changer les choses.
Internet et ses trolls

Aujourd’hui j’ai de la chance car j’ai vraiment très peu de “trolls” (des anonymes en général, qui critiquent violemment et gratuitement quelqu’un, et qui alimentent des polémiques sur les réseaux, ndlr). Mais à l’époque de mon premier blog je recevais des commentaires haineux tout le temps . Au début je l’ai très mal vécu, et finalement j’ai arrêté le blog. Ça me saoulait de voir des topics entiers contre moi sur des forums, alors que j’étais juste une meuf qui faisait du make-up sur internet ! Mais depuis, j’ai fait la paix avec moi-même et les commentaires d’inconnus me perturbent plus trop, et surtout ça respire souvent la bêtise.
Ce que j’ai beaucoup plus sur ma page en revanche, c’est des commentaires hyper sexualisant : parce que dès que tu te montres nue on se dit que tu le cherches ! On m’a envoyé certains trucs hyper perturbants. Une fois un mec particulièrement tordu m’a poussée à envoyer une plainte à Instagram. Mais ils n’ont rien fait parce qu’il n’y avait rien dans son contenu public qui justifiait une action contre lui. J’ai fait un appel à signalement massif, ce qui a été fait, mais Instagram n’a pas bougé. Le harcèlement ça a l’air hyper compliqué pour eux à évaluer, en revanche ils sont hyper rapides pour censurer un téton…
La rencontre avec Sillages Paris
J’ai été hyper contente que vous m’ayez contactée, parce que j’avais vu votre collaboration avec Claude-Emmanuelle que j’ai trouvée top. Et particulièrement le fait que vous mettiez en avant son parcours et son activisme. C’est cool de voir des marques qui mettent en avant la différence avec fierté. Et je trouve ça génial que vous soyez venus vers moi qui suis une militante insupportable aussi hahaha!
Le parfum c’est quelque chose que j’ai découvert super tôt, parce que quand j’étais bébé ma maman me mettait un mouchoir parfumé au Shalimar dans mon berceau. Il m’arrivait souvent aussi de lui réclamer une petite goutte de N°5 derrière l’oreille. Les odeurs c’est super important pour moi, parce qu’elles sont très liées aux souvenirs, de lieux, de gens, de moments… On ne “conscientise” pas le sens de l’odorat, il se passe un truc en arrière-plan qu’on ne maîtrise pas, c’est primal et hyper puissant.
L’odeur pour moi c’est aussi hyper important dans le sexe, dans la séduction et la sensualité évidemment! Ça peut être hyper aphrodisiaque, et c’est normal parce que le parfum diffuse autour de toi, il fait partie de toi, presque comme une aura.

“Le parfum diffuse autour de toi, il fait partie de toi, presque comme une aura.”
Je ne me parfume pas tous les jours. Le fait de me parfumer n’est pas un automatisme, comme le maquillage. Pour moi, l’intime c’est quand il n’y a rien et qu’on est vulnérable. Et après il y a “l’ex-time” et ça participe à cette mise en place de ce que tu veux être et projeter.
J’aime bien avoir différents parfums pour changer selon mon humeur, et j’en change aussi selon mes tenues! J’ai même des parfums que j’achète sans les porter, du moins pas tout de suite. Par exemple, il y a quelques années j’ai flashé sur un parfum qui a un côté très résineux et que j’ai eu du mal à apprivoiser. Il était un peu “trop“, trop marqué, trop spécial… et j’ai longtemps senti que ce n’était pas moi. Mais aujourd’hui je m’aperçois qu’il me correspond enfin et c’est cool. Ça raconte aussi une évolution : il devait projeter à l’époque quelque chose que je voulais être, et voilà! Aujourd’hui je sens que ça colle, et je trouve ça hyper joli.
J’ai choisi mon Sillage pour le shot de fraîcheur initial, comme un grand coup de vitalité. Et surtout pour sa façon de se transformer sur ma peau et de faire ressortir des notes fortes et « ancestrales », qui sentent la terre et la forêt. Son odeur évoque pour moi une puissance millénaire. Je l’adore.
Le Sillage de Marine évoque un bosquet de fleur des champs sur de la mousse humide et verte, dans un sous-bois frais. Le vétiver se mélange aux fleurs de violettes et d’angélique pour créer un accord bucolique et très suave.
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