Les Special people Sillages Paris nous inspirent par leur style, leur parcours, leur façon de vivre leur vie ou leur rapport au parfum. Sillages Paris est une maison de Haute Parfumerie qui veut célébrer l’originalité et la singularité : à la fois dans le parfum, et dans les personnes qui le portent. En effet, nous pensons que chacun d’entre nous est spécial, donc chaque parfum devrait être spécial. Du coup, on fait parfois des rencontres que nous avons envie de partager avec vous. Ceux qu’on appelle nos special people peuvent être des gens que l’on croise, ou nos propres clients qu’on adore rencontrer. Pour chacun de ces gens spéciaux, nous avons créé le sillage parfait.

Pour notre huitième article special people, nous vous présentons Pauline Manouvrier, AKA Pauline Putrescine. Tour Manager et Merchandiser, elle sillonne l’Europe avec des groupes de musiques pour gérer leur tournée en guerrière des backstages. Et alors qu’elle a commencé dans le non moins masculin milieu des jeux vidéos, Pauline est aujourd’hui l’une des voix françaises qui promeuvent les femmes dans la musique live. En cultivant l’entraide et le partage (d’expérience, de conseils, etc.) sur son blog Bisous Ténèbres et dans la communauté Women In Live Music, elle participe à démystifier un univers que trop peu de femmes osent encore aborder. Son but : lutter contre l’auto-censure, et pousser les femmes à se lancer et à s’entraider. Parce qu’il y a encore BEAUCOUP de place à prendre.
“Bisous Ténèbres”, l’univers de Pauline Manouvrier AKA Pauline Putrescine
Les choses sombres et ténébreuses m’ont toujours fascinée! Depuis ado j’adore le New Wave, Cold Wave, Metal… et à l’époque j’étais dingue d’Arthur Rimbaud. C’est ma mère, une fan monumentale de The Cure, qui m’a transmis son goût pour la musique et la culture en général. De nombreuses inspirations dans ma vie (le Romantisme, les poètes maudits, l’art religieux…) découlent de l’éducation qu’elle m’a donnée.

Si je suis une grande fan aussi de l’art religieux, c’est uniquement d’un point de vue artistique et culturel. J’admire profondément la richesse de l’artisanat d’art qui nourrit l’art religieux : la taille de pierres, les vitraux, les peintures, l’imagerie… En revanche je suis moins fan de l’Eglise. En tant que militante LGBT, j’ai trouvé ça un peu compliqué de rester dans cette team. Du coup, j’ai renié mon baptême il y a quelques années (et aussi un peu pour emmerder ma mère). Mais ça n’empêche que je ne peux pas voyager sans visiter toutes les Eglises notables qui se trouvent sur ma route!
De journaliste gaming à fondatrice de festival électro
Je pense que j’ai déjà changé 3 fois de carrière à peu près! J’ai commencé par des études de journalisme, et je me suis très rapidement spécialisée dans les jeux vidéos. Le premier mémoire que j’ai écris sur le sujet traitait de l’impact culturel du jeu vidéo comme média de masse. Entre temps je suis “devenue” féministe en me rendant compte du caractère très masculin du milieu du jeu vidéo. Donc mon deuxième mémoire a traité de la place des femmes dans la presse jeux vidéos en France.
En tant que journaliste, j’ai passé beaucoup de temps dans un bureau à filmer des émissions. Je devais tester des jeux toute seule, puis écrire dessus. Je suis passée par Canal+ pour travailler sur une émission E-Sport (le jeu compétitif). Puis j’ai voulu changer et j’ai fait un peu de docu historique chez France Télé. Mais ç’a été une cata!

En 2015, à côté de mon boulot de journaliste, j’ai créé un festival d’électro qui s’appelait le Synthzilla. C’est à ce moment-là que j’ai découvert le milieu de la musique live. J’avais longtemps été isolée dans l’écriture avec le journalisme, et là j’ai découvert la communion avec le public. Le kiff! Et le bonheur de monter un super concert, où le groupe est ravi, le public est heureux…
Comment Pauline Manouvrier est devenue Tour Manager / Merchandiser
Au moment de quitter France Télé, j’étais encore en contact avec les musiciens avec qui j’avais travaillé pour Synthzilla. Et un matin, l’un d’entre eux m’écrit. “Je fais une tournée en Europe, et j’ai besoin de quelqu’un pour conduire le van et vendre nos tee-shirts. Est-ce que tu veux venir ?” J’ai dit oui évidemment! La production audiovisuelle c’est cool, mais j’avais besoin de sortir. J’avais besoin de rencontrer les gens, de voir l’impact de mon travail… Donc je me suis dit GO – je vais partir sur la route, on va voir comment ça se passe. Et ça a été le coup de cœur!
La tournée était pour GosT : c’est un gars qui fait du synthwave, qui est un très bon ami à moi. Au début je me suis dit “Oh ça va, c’est partir un mois en vacances! Avec mes potes!” Et en fait non, j’ai découvert que c’était un vrai taff, qu’il y avait un rythme intense… mais j’ai adoré.

Aujourd’hui je suis tour manager et merchandiser. Tour manager, c’est globalement s’occuper de tout le déroulement d’une tournée : c’est beaucoup d’organisation, de logistique, d’humain. Il faut faire en sorte que tout soit le plus fluide possible pour le groupe et que l’orga soit transparente. Être Merchandiser en revanche, c’est s’occuper de vendre les produits du groupe (les t-shirts généralement).
L’univers sans frontière de la musique live
Culturellement, ce boulot est passionnant. En voyageant, on découvre différents pays, différentes façons de faire les choses, différentes ambiances aussi! Et forcément, comme en tournée on est en vase close, on échange beaucoup. Le temps peut être long, alors on finit toujours par se parler : “T’as fait quoi ? Tu viens d’où? Ah, toi tu fais comme ça?”
Et la rencontre avec le public aussi, je trouve ça vraiment cool. Quand je tiens le stand pour vendre les t-shirts du groupe par exemple, les gens viennent vachement discuter. On parle de musique, et on me pose pas mal de questions sur mon parcours. Il y a pas mal de liens qui se créent, et puis parfois on garde le contact. Je me suis fait des amis qui continuent à venir me voir dans les concerts dont je m’occupe. Même s’ils n’aiment pas forcément le groupe avec lequel je tourne!
En tournée, f*** la zone de confort
Au final, ce qui me plaît, c’est le fait de ne pas être dans ma zone de confort. On est vraiment toujours un peu dans un état de fragilité en tournée. Parce qu’on est loin et seul, même si on est avec un groupe. La famille, les potes… Tout le monde est loin et fait sa vie, et nous on est comme dans un bateau. Ca m’a vraiment appris à repousser mes limites. Et aussi en tant que femme, parce qu’il n’y en a pas beaucoup sur la route! Avant, j’étais timide et il y avait des choses que je n’osais pas faire. Je ne savais pas dire non par exemple. Maintenant c’est clairement plus le cas.
Et il y a aussi les moments où l’on se rappelle pourquoi on adore ça. Quand le public est heureux, quand les concerts sont géniaux et que l’artiste a passé un super moment sur scène… Quand on a bien vendu au merch, quand l’équipe de la salle est adorable… c’est ça qui fait qu’on s’accroche!
La Tour Manager : cette héroïne de l’ombre
Pour trouver du boulot, c’est vraiment que du networking. Ca passe que de la recommandation. J’ai envoyé des centaines de mails, mais tant que j’avais pas quelqu’un pour me pousser derrière, ça ne marchait pas. Dans le milieu, une recommandation ça vaut tous les CVs du monde. Déjà parce qu’il faut être sûr que ça va coller humainement! Que dans le boulot on est cool, qu’on est pas bourré à 15h (parce que c’est toujours open bar)…

Le taff de tour management peut être un peu ingrat. En gros, ça veut dire s’assurer qu’on aille d’un point A à un point B. Le tout sans accroc! Il faut qu’il y ait tout le matériel, qu’il y ait toutes les chambres d’hôtel… Et que tout le monde se pointe à l’heure. Le côté ingrat du truc, c’est que tant qu’on bosse bien, le taff ne se voit pas. Il faut vraiment que ce soit le plus souple et le plus transparent possible. Parfois les artistes peuvent se réveiller un matin et tout est clean, parfait, tout roule… Alors que t’es réveillé depuis l’aube à courir partout pour régler des mega imprévus!
Franchement, j’aime bien partir un mois ou deux max, et ensuite rester un mois chez moi. Il y a des tournées qui peuvent durer six mois, mais là c’est clairement trop hardcore pour moi. Faire la part entre vie pro/vie perso peut être compliqué parfois. Certains trouvé un juste milieu. Et puis il y a ceux qui sont tout le temps sur la route, parce qu’ils n’ont plus de raison de rester. C’est quelque chose que je veux éviter, c’est pour ça que c’est important pour moi de faire des pauses.
“It’s a long way to the top
If you wanna rock ‘n’ roll”

Parce qu’il faut savoir qu’au quotidien ça peut être rock n’ roll! Par exemple, quand il y a des hôtels en tournée, c’est le top. Ca veut dire que le peu qu’on dort, on le fera dans un lit correct, et on aura une douche… Mais parfois on dort dans les salles directement! Il y a des salles qui sont aménagées pour évidemment. Par exemple en Allemagne, ils aménagent super bien. Les lits sont confortables, les douches sont vraiment propres, ils nous amènent de la bonne bouffe… Autant en Angleterre, souvent, c’est la catastrophe! Mais bon on est habitués et ça passe.
Entre deux salles, on peut conduire entre 2h et 8h sur une journée. Et c’est une ville par jour, parfois un pays par jour même! Quand on arrive, il faut installer. Et puis il y a la soirée, et après on range tout et on repart. Parfois après avoir dormi à peine 2h.
D’ailleurs, sur le lifestyle, le fait de tourner, ça m’a cassé pas mal de clichés! Il faut pas croire les métalleux c’est les hardcore! Je suis déjà partie avec des groupes de Métal extrême en pensant que ça allait teuffer tout le temps… Qu’ils allaient être désagréables… Alors qu’en fait ils sont hyper gentils! Ils sont propres, ils font leur lessive, ils nettoient le van et ils ne sont pas bourrés. Dingue. Alors que je suis partie avec des groupes de jazz… Avec un look tout propre sur eux… Et c’était le foutoir!
Des “filles” qui dérangent : les femmes dans le milieu de la musique live
Comme le jeu vidéo, le milieu de la musique live est hyper masculin. Je vois bien que parfois, quand les mecs me voient arriver à conduire mon gros van, ça les fait tiquer. Ca les dérange en fait. On continue à faire face à cette croyance débile qu’une femme n’est pas capable. Alors qu’on sait conduire un van, on sait porter des cartons, on sait brancher des câbles… Tout le monde est capable de faire ça. Mais les clichés restent assez présents. Du coup, j’avoue que dans ce milieu, quand t’es une fille, il faut bosser 2 fois plus. Et sans se plaindre.
Il peut m’arriver de bosser avec des promoteurs qui n’ont pas fait leur boulot. (Les promoteurs sont ceux qui s’occupent de remplir les salles.) Et qui en plus me regardent de travers! Aucune des demandes des artistes n’est réalisée, rien n’est prévu pour la bouffe… Et j’en ai un qui m’a sorti un truc absurde un jour. “J’ai mal à la tête, donc c’est normal que je ne sois pas agréable” me dit-il. What? Moi quand j’ai la migraine, que j’ai mes règles, que j’ai mal au dos et que j’ai conduit 8h et qu’en plus je fais la maman de cinq gars, je me plains pas!
GIRLS don’t cry
En tant que femme, il ne faut jamais prendre quoi que ce soit pour acquis et se reposer. On a beau te dire “T’es la meilleure! T’es super! Ton taff est génial!“… Si tu fais une erreur, ça peut te suivre toute ta vie. J’ai déjà récupéré des tours managers ivres morts, qui ne prennaient pas soin des caisses avec le matériel, etc. Et ça passe. Moi je fais ça, je me grille! Il faut toujours montrer qu’on est fortes, qu’on est légitimes. Qu’on est limite mieux qu’un mec, en fait.
Je suis déjà partie qu’avec des femmes, et c’était super bien. Il y avait vraiment une énergie de soutien, de compassion… Et avec des hommes, c’est pas le même rapport. Avec des hommes, c’est moi qui fait ce taff-là : d’être dans le soutien, la compassion, de faire la maman en fait…
L’importance de la sororité dans un milieu ultra-masculin
Le fait qu’il n’y ait pas beaucoup de meufs dans la musique live, c’est un vrai problème. Et c’est dû au sexisme, mais aussi à l’auto-censure des femmes! Elles pensent que c’est un truc de mecs, et c’est vrai qu’il est dur de trouver des infos sur la réalité du quotidien pour une femme. Du coup, comme les rares autres femmes dans le milieu, j’essaye d’encourager d’autres femmes à tenter le coup. J’apporte du soutien, je donne des contacts, des conseils, je partage mon expérience… Sur mon blog Bisous Ténèbres j’essaye de démystifier mon boulot au maximum. Je donne mon programme de la journée, j’explique comment je fais dans tel ou tel cas…
J’utilise Instagram aussi, via les questions en stories. Ca me permet de parler des questions qu’on se pose le plus, et que plein d’autres femmes n’osent pas poser. Et ça peut aller de “Comment tu fais quand t’as tes règles?” à “Comment tu fais quand t’as un mec?” ou “Comment c’est d’être sur la route?” C’est assez simple mais c’est hyper intéressant et important, parce que je me suis posé les mêmes questions!
Women in live music, unite!
Moi j’ai du apprendre tout ça toute seule, et je sais que j’aurais aimé qu’il y ait quelqu’un qui me booste un peu. Donc si je peux aider quelqu’un à franchir le pas, je serais contente. Il faut juste se lancer, le milieu en a besoin!

En cherchant, j’ai découvert qu’il y avait des groupes d’entraides dédiés aux femmes dans la musique. WILM (Women In Live Music) par exemple, est aussi une plateforme qui propose un catalogue de femmes à embaucher et organise des évènements pour la communauté. Ca peut être des festivals de 4-5 avec des conférences, des groupes de paroles, ou des trucs ponctuels comme des ateliers, des pots informels ou de networking… Sur le groupe Facebook, les meufs proposent des offres d’emploi, se donnent des conseils…
WILM est une asso internationale (US, UK, Europe…) et en France on est pas encore nombreuses pour l’instant. C’est pour ça qu’à chaque fois que je rencontre une femme, je lui dis de rejoindre WILM. La mise en contact est hyper importante. Surtout qu’on est souvent sur la route, donc c’est difficile d’organiser des rencontres, etc.
WILM est une vraie communauté en fait : très vive, dans le soutien, le conseil, jamais dans le jugement. Si on pose une question qui peut paraître bête du genre “Comment vous faites pour prendre soin de vous en tournée ?“, vous n’aurez jamais quelqu’un qui va répondre “Oh ça va! T’as pas besoin de te laver les cheveux tous les 3 jours!” Au contraire, chacune donne ses conseils et c’est super chaleureux et bienveillant.
Le rapport de Pauline Manouvrier au parfum

Mon premier souvenir olfactif c’est ma mère, qui s’est toujours parfumée. Trésor pour moi, c’est vraiment son odeur… Elle utilise généralement trois parfums : un de jour, un pour le soir, et un parfum d’été. J’ai donc pas mal de souvenirs des magnifiques flacons de ma mère, et c’est elle qui m’a un peu branchée sur ça. Et puis quand j’étais petite, j’avais des parfums pour enfants. C’est vraiment un truc qu’on a partagé.
Je me parfume généralement le matin, sur les cheveux. Si je sors, j’en remets un peu, mais même si je ne sors pas je mets du parfum! Parce que pour moi, ça fait partie de ma personnalité. Si je n’en porte pas, je me sens mal à l’aise : j’ai l’impression de ne pas être là! L’odeur, c’est vraiment un truc qui m’intéresse chez les gens. Quand quelqu’un de présente à toi, via l’odeur je trouve que tu saisis déjà à qui tu vas parler. C’est pour ça que ça me perturbe quand je sens quelqu’un d’autre porter mon parfum!
Avant je portais des parfums assez “basiques”, et après j’ai découvert la belle parfumerie. J’adore la complexité des beaux parfums et sentir comment ils évoluent dans la journée. Et c’est aussi pour pour ça que j’ai arrêté de fumer. Je me disais que c’est débile d’acheter un parfum qui sent si bon, d’acheter un shampooing qui sent si bon, et de juste sentir le cendrier tout le temps.
Le Sillage spirituel de Pauline

J’adore la myrrhe, l’encens, le bois de oud, le bois de santal… Chez moi, je fais souvent brûler de l’encens, mais aussi de la myrrhe (j’en ai des différentes). Je sais pas pourquoi, mais pour moi c’est des odeurs un peu doudou. C’est vraiment ce mélange d’odeurs ça m’envoie vers un endroit intérieur, calme, où je me recentre. Si je fais de la méditation, je mets de l’encens parce que ça me permets de me libérer l’esprit, et de retrouver cet endroit un peu doudou.
J’adore mon Sillage parce qu’il sent l’Eglise : comme si on venait d’allumer les cierges, de faire brûler de l’encens… Et qu’on se tenait prêts pour la teuf! Je le trouve chaleureux, avec ce côté très spirituel et ces bouquets de fleurs qui embaument la pièce. Il raconte vraiment une histoire, et je m’y retrouve complètement.
Le Sillage de Pauline Manouvrier : un oriental puissant, construit autour de belles fleurs (dont l’Iris, reine parmi les reines) et approfondi par de la myrrhe et une fumée d’encens vanillée.
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