
Pour ce nouvel article Special People, nous vous présentons Fleur Copin (@fleurcopin), danseuse au mythique Crazy Horse (@crazyhorseparis_official). Fondé en 1951, le Crazy Horse est l’un des cabarets les plus mythiques du monde, et l’un des joyaux de la nuit parisienne. Ce lieu culte a attiré entre autres Beyoncé, Johnny Depp (et Halliday), Sting, Céline Dion… Et apparemment, Rihanna et Cara Delevingne reviennent régulièrement pendant la Fashion Week. En effet, le Crazy compte une troupe de danseuses d’élite aux noms mystérieux qui deviennent de vrais déesses le temps d’un show. Fleur Copin AKA Kika Revolver est l’une des Crazy Girls les plus désespérément cool qu’on puisse imaginer. Et on a eu la chance immense de la rencontrer aux ateliers Sillages Paris pour lui trouver le Sillage idéal. Retenez son nom!
Les Special People Sillages Paris nous inspirent par leur style, leur parcours, leur façon de vivre leur vie ou leur rapport au parfum. Sillages Paris est une maison de Haute Parfumerie qui veut célébrer l’originalité et la singularité : à la fois dans le parfum, et dans les personnes qui le portent. En effet, nous pensons que chacun d’entre nous est spécial, donc chaque parfum devrait être spécial. Du coup, on fait parfois des rencontres que nous avons envie de partager avec vous. Ceux qu’on appelle nos special people peuvent être des gens que l’on croise, ou nos propres clients qu’on adore rencontrer. Pour chacun de ces gens spéciaux, nous avons créé le sillage parfait.

Une éducation classique
Fleur Copin : Ma grand-mère a été danseuse étoile au théâtre du Bolshoi à Moscou (l’un des plus prestigieuse troupe de ballet du monde, ndlr). Donc la danse, c’est quelque chose qu’elle m’a transmis alors que j’étais encore enfant.
J’ai grandi au Cameroun jusqu’à mes 7 ans et j’ai commencé à faire de la danse là-bas. Et puis quand est retournés s’installer à Angers (dont je suis originaire), on m’a mise direct au conservatoire. J’y suis restée jusqu’au bac.
Sauf qu’à 16 ans la puberté est arrivée, et mon corps s’est mis à changer. Mes hanches et mes fesses ont poussé… Et tout à coup on m’a fait comprendre que la danse classique en pro ça n’allait pas être possible. Je n’avais plus le physique qu’il fallait pour espérer un jour entrer à l’Opéra. J’étais mince pourtant, mais j’avais des fesses!
Aux Etats-Unis, la danseuse Misty Copeland a réussi à percer dans le classique “malgré” ses formes, et elle est incroyable… mais ça ne fait que 5 ans que c’est arrivé je crois. C’est clair qu’on a encore du chemin à faire avant que le milieu change.

Une nouvelle trajectoire 100% libération
Fleur Copin : Quand j’ai eu mon bac, j’ai arrêté le classique et je suis allée poursuivre une formation complète. Il y avait du chant, de la comédie, tout type de danses… Et au départ, désapprendre tout ce que j’avais appris en classique a été un challenge! Mais la danse classique m’avait aussi apporté un avantage MAJEUR. J’avais une technique déjà, mais aussi une vraie discipline. J’étais solide. Tu pouvais me demander n’importe quoi et on savait que ça allait ressembler à quelque chose!
Au bout d’un an, j’ai voulu gagner ma vie donc je suis allée rejoindre un cabaret pendant un an dans le Sud. Et j’ai adoré. A l’époque j’avais 19 ans, c’était mon premier job et ça payait hyper bien. C’était le cabaret hors Paris qui marchait le mieux en France, c’était tout le temps plein!
Fleur Copin à la conquête de la Chine
Fleur Copin : Ensuite je suis partie en Chine. J’avais passé un casting pour Taboo de Franco Dragone, qui est une grosse compagnie. A la base, c’était un ami qui m’avait emmenée passer le casting avec lui (classique!), et j’y suis allée sans grande conviction. Déjà parce que je ne connaissais pas et je ne savais donc pas ce que ça représentait. (Franco Dragone a notamment réalisé de nombreux spectacles pour le mythique Circle du Soleil, ndlr) J’ai donc passé le casting aussi et j’ai été prise. Et comme je n’avais pas d’attaches, pas d’amoureux… je suis partie!

Je devais passer un an à Macao mais j’y suis restée deux. Ç’a été mon Erasmus, j’ai beaucoup fait la fête, voyagé… C’est l’époque où tu testes les autres, toi-même, tu cherches les limites… Et tu apprends beaucoup! Taboo était un grand show de cirque, mais beaucoup plus sexy que le cabaret. Et les danseurs venaient habiller les numéros avec de la danse.
C’est à ce moment que j’ai commencé à comprendre que je pouvais me servir de mon corps au service de la danse et de la féminité. J’ai commencé à comprendre la différence entre aguicher et être vulgaire. Entre le sexy et le “too-much“. J’ai commencé à comprendre l’immense pouvoir de séduction d’une femme!
Le fait de montrer mon corps ne m’a jamais posé problème. Mais en fait, comme pas mal de danseurs, je ne suis pas pudique. Probablement parce que la danse fait sauter les barrières de la pudeur, puisque ton corps t’es très familier. En plus, la danse reste un art dont le sujet même est le corps, donc il est souvent montré. Même en danse classique on est en collants, habillé en “nude” de la tête au pied : on voit tout quoi!
Retour à Paris
Fleur Copin : Il se trouve que dans la troupe Taboo, une des filles était au Crazy Horse dont je n’avais encore jamais entendu parler. Elle me parlait souvent de son job et m’a encouragée à passer le casting en rentrant. Mais à l’époque j’étais persuadée que c’était les comédies musicales qui comptaient à Paris, donc c’est là-dedans que j’ai cherché en rentrant.
A mon retour à Paris j’ai fait la comédie musicale Hit Parade sur laquelle j’ai rencontré une deuxième fille du Crazy qui m’a poussé à passer le casting. Mais entre temps j’ai été prise sur les Dix Commandements, et j’étais à fond! C’était ma première grosse production, c’était avec Kamel Ouali… Sauf que là-bas une 3e personne me parle du casting au Crazy qui allait arriver! Et puis là c’est peut-être le destin, mais les Dix Commandements annoncent que le show part en tournée avec une troupe réduite. Il fallait donc que je trouve un job et du coup je me suis présentée au casting du Crazy…

Le casting au Crazy Horse
Fleur Copin : Quand j’ai découvert le lieu, j’ai découvert un monde parallèle. J’ai vu la salle et j’ai pété un cable, je ne m’attendais pas du tout à ça. C’est un endroit minuscule très intimiste, bas de plafond, et où tout est rouge et en velours… C’était incroyable.
Pour le casting, on nous a fait passer dans la salle à l’étage. Là, on nous demande de nous mettre en string, on nous pèse, on nous mesure. Et puis on me dit “ok c’est bon, tu peux passer sur scène”. Le casting consistait en une impro sur une musique qu’on ne te communique pas à l’avance. Tu es seule sur scène face à Svetlana Konstantinova (qui était Show Manager à l’époque), et Andrée Deissenberg, directrice artistique du Crazy. Et tu as une minute pour convaincre.
J’étais donc en G-string (on te demande d’amener le plus petit que tu trouves) et talons, donc tu ne peux pas vraiment faire des jetés et te rouler par terre! Et puis quand la musique s’arrête, on te demande de cambrer. De face, de profil en relevant les cheveux, de dos… Et à chaque pose tu es inspectée et tu entends les chuchotements.
…SUCCESS!
Fleur Copin : A la fin on est venu nous voir dans les loges, et il n’y a que Tina (Tobago) et moi qui ont été retenues ce jour-là sur 200 filles. Mais il arrive aussi qu’il n’y en ait aucune qui soit retenue! En fait, au départ, j’ai surtout été soulagée d’avoir un job. Je n’avais clairement pas réalisé l’ampleur de ce qui m’arrivait!
Quand tu es retenue, on ne te rappelle pas forcément tout de suite. Ça peut être le lendemain comme 6 ans plus tard, en fonction des besoins. En fait le Crazy fait régulièrement des castings pour garder un oeil sur l’époque. Heureusement, on m’a rappelée une semaine après et j’ai commencé les répétitions la semaine suivante.

La transformation de Fleur Copin en Crazy Girl
Fleur Copin : Au total nous sommes une quarantaine dans la troupe, dont entre 15 et 18 filles max pour la troupe fixe de Paris. Il y aussi une troupe de tournée qui voyage dans le monde entier et fait un spectacle un peu différent que celui de Paris. C’est cette sélectivité aussi qui est la marque du Crazy Horse. En revanche quand tu es prise et que tu en CDI à Paris, tu peux rester aussi longtemps que tu veux.
L’entraînement dure un mois et demi, tous les jours, pendant lesquels on “casse” la danseuse pour la reconstruire “Crazy”. Cela veut dire qu’on lui donne les codes comme le cambré, les épaules, le jeu scénique avec les playbacks, les solos… La déconstruction n’implique pas forcément de supprimer des mimiques ou des singularités (au contraire), mais juste de les rendre “Crazy”. Il faut que rien ne fasse vulgaire ou trop “télé” comme on dit. La salle du Crazy Horse est petite et intimiste donc il n’est pas nécessaire d’en faire des tonnes dans les gestes ou les expressions. Tout doit être suggéré et dans le détail.
Quand je suis arrivée j’étais corps de ballet, donc je faisais tous les numéros de groupe. Mais on m’a aussi donné dès le début mon premier solo, “Good Girl”, qui est un numéro de teasing de jambes. Aujourd’hui je suis soliste et depuis j’ai fait des solos mythiques que j’aime trop comme Laser, Rougir, Miroir…
Fleur Copin devient Kika Revolver et une ambassadrice du Crazy
Fleur Copin : Je suis très investie au Crazy, parce que j’aime tellement l’endroit que j’adore en parler. Du coup, on me montre souvent en promo. Dès qu’on me demande quelque chose, je le fais. Mais je me suis aussi faite ma place au Crazy grâce à l’extérieur! J’ai pas mal de projets perso comme des clips, des projets télé etc. Et ces projets m’ont donné une certaine expérience et du crédit au Crazy.
Il y a eu le clip de Cassius par exemple (Don’t let me be). Mais aussi la performance d’Hoshi aux Victoires de la Musique 2020 où elle chantait contre l’homophobie. Hoshi voulait marquer le coup sur “Amour Censure” qui est un hymne anti-Manif Pour Tous, et a voulu clôturer le show avec un baiser. Ç’a été hyper marrant à faire.
Par ailleurs je fais pas mal d’interviews, et comme je parle anglais ça me permet aussi de faire prendre la parole à l’étranger. En janvier dernier par exemple je suis partie en tournée en Uruguay avec le Crazy. Parce que j’avais très envie de voyager à nouveau. Et dans ces situations ça aide pour la promo.
La naissance de “Kika Revolver”
Fleur Copin : Au Crazy Horse, on te baptise de ton nom de scène juste avant le lever de rideau de ton premier show. T’es prête, maquillée, le rideau va s’ouvrir, t’es en panique… Et là on te donne un nom qu’on a pensé pour toi après t’avoir observée depuis ton arrivée.
Le mien c’est Kika Revolver : ça venait du film “Kika” de Pedro Almodovar. Le personnage central joué par Victoria Abril est surexcité et c’est une tueuse à gage. Et “Revolver” fait aussi référence aux tatouages que jai la nuque. Quand tu me vois sur scène, mon nom prend sens!
J’étais tellement stressée pour mon premier show que je ne m’en souviens même pas. A la fin du show j’avais même oublié le nom qu’on m’avait donné! On te le donne au moment où tu t’apprêtes à monter sur scène et tu n’as le droit de refuser qu’une fois. Une fois que tu as accepté, la capitaine change ton nom sur le planning et c’est le nom qui t’accompagnera partout. Sur le planning c’est “Kika”, dans les loges on m’appelle “Kika” et dans la rue aussi parfois on m’appelle comme ça!

Les backstages d’un lieu mythique
Fleur Copin : J’adore rigoler. Je suis très sarcastique donc je vanne beaucoup dans les loges. En même temps, les gens ne se rendent pas compte de la discipline qu’il y a au Crazy! On fait 5 à 6 jours par semaine, 2 shows par soir et 3 le samedi! Et pour se préparer on doit être là minimum 1h avant le début du show. Moi je me prépare super vite, donc je viens juste 1h avant, j’ai le temps de fumer une clope et on y va quoi!
On se maquille nous-même, on se coiffe. C’est à toi de trouver ton make-up de scène. Au début c’est une cata : t’as des faux cils 3 fois trop grands, de l’eyeliner jusqu’aux oreilles… Mais au fur et à mesure tu trouves ta marque. On ne te donne pas de brief, tu regardes juste les autres filles jusqu’à ce que tu trouves ton truc. La seule chose à respecter c’est la grande bouche rouge du Crazy. Son dessin est exagéré à la Kylie Jenner (voire c’est une petite joueuse à côté). Et c’est une teinte particulière, celle du rouge à lèvres qu’on te donne quand tu arrives. C’est la même teinte pour tout le monde.

Le glamour irrésistible du Crazy Horse
Fleur Copin : Le Crazy Horse fait rarement des collaborations avec d’autres marques. Il faut que cela reste dans les codes. Ils l’ont fait avec Chantal Thomass, avec Christian Louboutin… Balmain a aussi fait un costume sublime pour Miroir (un numéro qu’on voit dans le clip “Partition” de Beyoncé qu’elle a tourné au Crazy Horse).
En revanche, il nous arrive souvent de recevoir des célébrités. Rihanna vient une fois par an, Cara Delevingne vient au moins une fois à chaque Fashion Week… Et il y a eu aussi les Kardashians, et François Hollande même! Pendant la Paris Fashion Week d’ailleurs, tout le monde vient. On raconte que Johnny Halliday est tombé amoureux d’une danseuse il y a longtemps, et Prince aussi. Prince avait d’ailleurs demandé à Alain Bernardin de l’avoir dans son clip, et en échange le fondateur lui a demandé un morceau exclusif pour le Crazy! J’ai même pu rencontrer Pedro Almodovar…
La signature Crazy : une touche de provocation, beaucoup de personnalité
Fleur Copin : Le Crazy a toujours choqué. Il y a 30 ans il y avait un numéro avec une SS qui jouait avec une cravache sur scène, sur un playback en allemand. Mais c’était une parodie! Ce côté provocateur fait partie de sa patte. Il y a aussi le numéro Chain Gang qu’on voit aussi dans le clip de Beyoncé, où les filles sont en cage avec un imprimé léopard dans une ambiance de jungle.
Au départ certains peuvent penser que c’est de l’objectification de la femme, mais en voyant la fin du numéro tu vois que ça n’est pas du tout le cas. La femme est au summum de sa sensualité, de sa liberté, de sa puissance… Elle fait ce qu’elle veut!
Par ailleurs, chaque solo est pensé sur une fille et sa personnalité. Au Crazy on cherche vraiment à faire émerger les singularités. On est en général 5 sur scène, et 10 au maximum, donc t’as le temps de voir chacune. Et surtout de montrer ton caractère et de jouer avec le public.
Le style Crazy ça n’est pas des costumes de grandes productions, du strass et des paillettes. On a des costumes sur-mesure hyper légers, faits de lanières de strass, et on fait parfois des tableaux de nu intégral. Mais c’est la lumière qui nous habille, et elle est travaillée à l’ancienne pour ça! C’est de la gélatine qui roule et pas des LEDs, parce que ça donne ce grain de peau lisse. La lumière sert à mettre en valeur les formes des danseuses sans accentuer les défauts. Et ensuite, il y a nos postures et les chorégraphies qui sont pensées pour mettre le corps en valeur.

Le corps Crazy : naturellement sexy
Fleur Copin : Au Crazy tu dois faire entre 1m68 et 1m73. On dit que c’est la limite parce que c’est très bas de plafond! Mais au-delà de ça, c’était aussi l’idéal féminin d’Alain Bernardin. Et pour le poids ça dépend plutôt de ce à quoi tu ressembles. Si tu pèses 70kg et que ton corps est harmonieux, aucun problème. Idem si tu fais 40kg et que t’es bien.
La seule chose c’est qu’il faut avoir des formes! On ne te virera jamais parce que tu as pris du poids par exemple (tant que tu restes dans la marge fixée au Crazy). En fait, tu as une marge de 4 kilos autour du poids auquel on t’a sélectionnée. Tu ne peux ni grossir ni maigrir au-delà.
A l’époque de Bernardin tout était mesuré. La distance entre les tétons, la distance pubis-nombril… L’idée de Bernardin qui adorait les femmes c’était d’en faire créatures iconiques, presque irréelles. Mais la chirurgie esthétique c’est interdit. Pas de fausse poitrine, ni de fausses fesses… Il faut que tout soit naturel sinon c’est rédhibitoire au casting.
C’est aussi cette approche du Crazy qui m’a fait entrer pleinement dans mon corps de femme. J’ai découvert qu’être une femme ce n’est pas d’être forcément parfaite. Ni forcément une tige ultra-mince, ni une idole avec des formes impossibles. Une femme peut aussi être plate, et avoir des fesses, ou vice versa. Être une femme c’est être sexy au naturel, avec les vergetures, la cellulite, les règles, les boutons… Au Crazy Horse on accepte tout ça.

Le Sillage de Fleur Copin
Le Sillage de Fleur Copin: Une cologne urbaine très intense. On commence par un zest d’agrumes pétillants et fruités, pour se mettre dans l’ambiance. Ensuite, les notes vertes et poudrées donnent de l’envol. On contraste le tout avec un accord bitume, à la fois boisé et résineux, super élégant.
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