
Pour notre 12e article Special People, nous vous présentons The Arseniek, (de son vrai nom Christophe Mecca) l’une des figures les plus fascinantes de la scène drag française. Vous pouvez le retrouver sur Instagram sous le compte de son personnage magnétique @thearseniek. Ou alors sous celui de son compte de perruquier pro @mecca_christophe. La poésie de ses créations (et le fait qu’elles semblent défier les lois les plus élémentaires de la physique) fascinent et invitent à la rêverie. Mais une chose est pourtant 100% réelle : Christophe est un GRAND artiste. Chez Sillages Paris, on est une équipe de fans qui suivons fébrilement son moindre post ou sa moindre story sur Instagram. Et franchement, on ne prend pas beaucoup de risques à vous dire qu’un jour (proche) il va devenir immense.
Les Special People Sillages Paris nous inspirent par leur style, leur parcours, leur façon de vivre leur vie ou leur rapport au parfum. Sillages Paris est une maison de Haute Parfumerie qui veut célébrer l’originalité et la singularité : à la fois dans le parfum, et dans les personnes qui le portent. En effet, nous pensons que chacun d’entre nous est spécial, donc chaque parfum devrait être spécial. Du coup, on fait parfois des rencontres que nous avons envie de partager avec vous. Ceux qu’on appelle nos special people peuvent être des gens que l’on croise, ou nos propres clients qu’on adore rencontrer. Pour chacun de ces gens spéciaux, nous avons créé le sillage parfait.

Un mug (maquillage signature) plus français, tu meurs. Christophe Mecca ressemble, à la base, à un aristocrate de la cour de Versailles. Cheveux longs, teint pâle, visage fin aux traits délicats et une fine moustache qu’il aime accentuer encore chez Arseniek… il semble né pour une autre époque. Et pourtant, il vient incarner tout ce dont l’époque a besoin : la révélation d’une individualité sublime, mais pas parfaite, pas binaire et qui joue des représentation pour créer de l’émotion, de la joie, et du rêve.
Chez Sillages Paris, on considère que the Arseniek représente l’un des plus beaux joyaux dans la couronne drag française. La scène drag (raccourci de dragqueen) est en effet en train de vivre une renaissance partout dans le monde grâce à l’émission ultra-populaire de Ru Paul’s Drag Race. Pour faire court, RuPaul est la drag queen la plus connue aux États-Unis. Il est aussi l’hôte d’un show qui a transformé à lui seul une forme d’art autrefois underground en une obsession nationale généralisée. Lancée en 2009, l’émission prépare le lancement de la saison 12 en 2020.
Aujourd’hui, certaines des queens qui sont passées par Drag Race sont devenues des célébrités ultra puissantes. Et depuis que l’émission est arrivée sur Netflix, le reste du monde a pu découvrir ces reines, leurs personnalités larger than life et leurs univers fascinants. En France, la scène drag a ses stars et l’on compte Arseniek (et son chéri Kam) parmi les étoiles montantes.
Mais qui est Christophe Mecca, ou The Arseniek?
Christophe Mecca (the Arseniek) a grandi dans le Sud de la France, et aspirait à l’origine à faire carrière dans l’art. Sa sensibilité esthétique et sa passion pour la création trouvent d’abord une source inépuisable d’inspiration dans le cinéma. Ses favoris : les films d’époques, mais aussi la fantaisie et la science fiction. Leur point commun étant d’inventer un univers visuel fort qui marquera sa culture esthétique. Des looks mythiques du Cinquième Elément aux silhouettes élégantes du Dracula de Coppola, le cinéma ouvre l’imagination de Christophe à des mondes où la création dépasse les limites du Possible.

Dans les films qu’il adore, il analyse les looks les plus inspirants et concentre son attention sur un point : les cheveux. Ils sont incroyables et semblent donner une identité singulière aux personnages. Et lorsqu’il se rend compte que ces cheveux sont en fait des perruques et des créations uniques, sa vocation est née. Il veut devenir perruquier.
La conquête de Paris

Après avoir entamé sa formation dans la coiffure à Aix-en-Provence, il décide de la poursuivre à Paris pour se rapprocher du milieu du spectacle et du cinéma. Son diplôme en poche, il décroche ainsi une première opportunité qui le met sur la voie. Il est embauché dans une entreprise spécialisée dans le théâtre dans laquelle il travaillera un an. Là-bas, il participe à la création de perruques, moustaches, postiches…pour de grandes productions telles que Priscilla, folle du Désert, Le Rouge et le Noir, La Famille Addams, Jésus. Christophe y perfectionne ses talents et apprend les ficelles d’un métier rigoureux qui emprunte parfois à l’artisanat d’art. En effet, certaines perruques nécessitent parfois plusieurs jours de travail et une implantation méticuleuse des cheveux, mèche par mèche.

Le moment où Christophe a quitté le théâtre coïncide à peu près avec le début de sa fréquentation du milieu drag. Il crée son entreprise et commence à coiffer certains artistes. Le rôle d’Instagram, qui a permis à de nombreux artistes et performers de se faire repérer, n’est dès lors pas à négliger. Ses comptes perso et créa (Christophe Mecca et Arseniek) commencent ainsi à attirer l’attention de certaines queens puissantes. Et c’est Aquaria qui va donner le top départ!
Christophe rencontre Aquaria lors d’un shoot pour Tush magazine en Allemagne où il réalise ses perruques. Quelque temps après elle le recontacté pour lui commander personnellement des perruques. And the rest is history… Depuis, Christophe a régulièrement collaboré avec Aquaria, mais aussi avec Kim Chi, Detox et d’autres.
Son procédé de création
Christophe Mecca n’est pas du genre à se prendre pour une star. Sa douceur et son humilité lors de notre rencontre nous ont d’ailleurs impressionné! La flamboyance d’Arseniek et le talent monstrueux de Christophe suffiraient à s’attendre à une montagne d’ego. Et pourtant… Son approche créative lorsqu’il réalise des commandes pour ses clients n’est pas celle d’un artiste tout-puissant. Au contraire, il préfère s’inscrire dans une démarche d’écoute et créer une oeuvre qui ne portera pas sa signature, mais plutôt celle de la personnalité du client. Pour commencer, il aime donc partir de leur inspiration, d’une idée qu’ils ont en tête, d’une influence…
Puis vient l’étape du dessin, un talent qu’il a également appris en autodidacte et qui lui permet de donner corps aux formes fantasmagoriques qui peuplent son imagination. A partir de ces dessins préparatoires, il discute les directions avec son commanditaire, puis se lance.
Même s’il lui arrive de créer des perruques de toute pièce, il part généralement d’une perruque existante. Puis, sans épingles, il la transforme totalement (comment, on ne le saura jamais!) En effet, Christophe a développé une technique bien à lui. En plus de créer des perruques sublimes et défiant la gravité, elles comptent parmi les plus “fiables” qui existent. Lorsqu’il travaillait dans le théâtre, il avait été surpris par le nombre d’épingles nécessaires pour faire tenir les cheveux. Les perruques en débordaient, et finissaient pas glisser et se voir. En bon perfectionniste, il a donc développé des techniques permettant à ses cheveux de tenir sur le long terme. La base, vous direz-vous? A en croire les spectacles de dragqueens qui frisent parfois la haute voltige, c’est du luxe.
Métamorphoses

Comme beaucoup d’adolescents, Christophe passe au lycée par une phase d’expérimentation avec son look. Néanmoins, sa famille d’accueil ne voit pas ces extravagances d’un bon oeil… On ne le laisse pas se maquiller, et son lycée va jusqu’à interdire les colliers de chiens qu’il arbore. Alors qu’il habite en province, il sent déjà qu’il est considéré comme le plus “bizarre” de la ville. Qu’à cela ne tienne : il va tout faire pour imposer sa différence et se découvrir. S’il n’a pas droit au maquillage, il passe par les cheveux et ses tenues.
Mais c’est quand il commence à fréquenter le milieu dragqueen à Paris qu’il découvre un univers qui lui plaît vraiment. Il commence d’abord par se créer de petits looks de temps en temps pour sortir. Et petit à petit, l’extraversion et la liberté du milieu va le pousser à se lâcher. C’était enfin l’occasion de montrer tout ce qu’il avait en lui, et qu’il n’avait jamais pu exprimer avant.
La naissance de The Arseniek
Il a d’abord trouvé son nom grâce à Cookie Kunty, un très bon ami à lui. Ils sont partis du nom Arsène pour son élégance retro, et pour l’hommage à Arsène Lupin. Puis est venue l’idée d’y ajouter une touche toxique, en faisant référence à un poison mortel (l’arsenic). L’orthographe en “iek” enfin est un clin d’oeil aux pays de l’Est qui abritent nombre de contes sur les vampires – des personnages qu’il adore depuis petit.
Arseniek a ensuite sauté le pas, et créé un comtpe Instagram… pour devenir une personne à part entière! Christophe ne sort désormais plus que comme ça en soirée. Mais si vous avez la chance de le croiser dans un club, ce ne sera pas forcément sur scène. En effet, comme beaucoup de dragqueens il ne se produit pas.
Il faut savoir qu’être dragqueen, ça n’est pas que de la performance (c’est-à-dire le fait de se produire sur scène). Dans un milieu qui s’est battu pour sa visibilité et contre les étiquettes, il n’y a aucun pré-requis pour faire ce que l’on veut. Ainsi, nul besoin de se produire tous les soirs en chantant sur du Beyoncé en playback pour dire qu’on fait du drag.
Petite parenthèse sur les Clubs Kids : les créatures du monde drag
Il existe différents styles sur la scène drag qui se distinguent sous deux catégories principales : les dragqueens et les Club Kids. S’il fallait absolument catégoriser, The Arseniek ferait partie de la catégorie Club Kid par exemple. Mais à ses propres dires, il se voit davantage comme un “vieux clown de grenier”!
Les dragqueens sont une sorte de fantasme de la femme. Elles représentent une version de la femme hyper artistique, hyper exagérée, hyper fabuleuse, un peu comme dans les rêves les plus fous ! Les club kids en revanche sont dans un style no limit et non genré. Ils sont des créatures qui peuvent incarner tout et n’importe quoi (des aliens, des chimères, des concepts abstraits…) Ainsi, lorsque Christophe a commencé à se maquiller, il ne mettait déjà pas de rouge à lèvres, ni de faux cils. Car il ne souhaitait pas rentrer dans le cadre d’une représentation féminine. C’est pour cela aussi qu’il a toujours voulu garder sa moustache, qui est si importante pour le personnage d’Arseniek. Son but est véritablement d’incarner une “créature” qui ne rentre gentiment dans aucune case.
Les inspirations de The Arseniek
Comme le démontrent ses différents looks sur Instagram, The Arseniek est clairement un adepte des belles choses… Les inspirations du personnages sont souvent puisées dans le style des cours royales du XVIIe siècle. La silhouette est fine, impériale, le visage très poudré, très blanc, avec des mouches… Arseniek est un personnage que l’on devine un peu aristo mais aussi un peu étrange. “C’est comme s’il sortait d’un vieux cirque SM!” nous dit Christophe, pour illustrer cette dualité ni blanc ni noir, entre élégance et trash. Fans de vampires et d’autres créatures effrayantes depuis toujours, Christophe va aussi puiser l’inspiration jusqu’au années 70, au mouvement punk et à des univers ultra-futuristes.
Le visage d’Arseniek est un sujet en soi. Christophe nous explique que dans le milieu drag, chaque personnage a son propre mug. Un mug c’est un visage signature. Il évoque ainsi Hungry, dont le mug extrêmement singulier a été beaucoup copié. (Hungry est notamment l’artiste derrière le maquillage de Bjork pour son dernier album Utopia). Certaines queens ont ainsi créé un vrai mug signature, et c’est comme cela qu’elles sont font connaître. Parce qu’elles sont reconnaissables!
Pour The Arseniek, la singularité est claire dès le premier regard. Son visage déjà fin à l’origine semble tiré par milles fils invisibles, allongeant les yeux jusqu’aux tempes comme un félin. Mais au-delà d’une maîtrise au laser de la forme de son visage, on distingue un signe particulier. Obsédé encore et toujours pas la perfection de l’illusion, the Arseniek a très tôt arboré des arabesques sur son front. Celles-ci devaient permettre à ce que la limite entre ses perruques et son visage soit floue. Tout pour que cela ait l’air le plus “naturel” possible. #wokeuplikedis Aucune chance que vous le mépreniez pour une autre queen, c’est garanti.
Et son Sillage alors?

Le Sillage de Christophe Mecca AKA The Arseniek : Christophe voulait un parfum contrasté et mixte qui évoque à la fois une noblesse poudrée et une facette plus sombre. L’iris, dont on distille en fait la racine (le rhizome), est la fleur la moins “florale” (et la plus chère) de notre palette.
Dans l’histoire, sa forme élégante (comme son odeur royale) a inspiré les Rois de France pour leur emblème : la célèbre fleur de lys est en fait un Iris stylisé! Ses senteurs délicates en ont toujours fait un ingrédient fard de la cosmétique, parfumant poudres et fards, avant que Catherine de Médicis demande à son parfumeur d’en ajouter à sa fragrance. Ses notes poudrées, mais aussi terreuses et sombres, en font une fleur mixte des plus élégantes.
La formule du Sillage de Christophe démarre sur un accord gin tonic, dont la fraîcheur amère et piquante est due aux notes de genièvre. L’iris se déploie ensuite dans toute son élégance racée, avant d’être adoucie par un cocktail de bois ambrés. Le fond laisse une trace addictive à la sensation cashmere, avec une vanille chaude et ronde, mais sophistiquée grâce à des notes légèrement boisées.
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