Les Special people Sillages Paris nous inspirent par leur style, leur parcours, leur façon de vivre leur vie ou leur rapport au parfum. Sillages Paris est une maison de Haute Parfumerie qui veut célébrer l’originalité et la singularité : à la fois dans le parfum, et dans les personnes qui le portent. En effet, nous pensons que chacun d’entre nous est spécial, donc chaque parfum devrait être spécial. Du coup, on fait parfois des rencontres que nous avons envie de partager avec vous. Ceux qu’on appelle nos special people peuvent être des gens que l’on croise, ou nos propres clients qu’on adore rencontrer. Pour chacun de ces gens spéciaux, nous avons créé le sillage parfait.

Pour notre neuvième article special people, nous vous présentons Théodore Desprez, AKA Lord Esperanza (@lordesperanza). Artiste issu du rap et empreint de culture classique, ses références sont hyper diverses et riches.
Théodore, du grec “don de Dieu”, n’est clairement jamais où on l’attend. Il admire autant les grands rappeurs que les titans de la chanson française, et est un passionné de littérature. D’ailleurs, ça se sent : ses textes sont aussi beaux que ses mélodies addictives.
Son premier album studio Drapeau Blanc est sorti le 24 mai 2019, et il sera en concert au Bataclan le 20 décembre. Si vous ne connaissez pas encore, courez-y direct, c’est du talent à l’état ultra pur.
Lord Esperanza est donc venu nous rencontrer aux ateliers parfums Sillages Paris. Et on a discuté pendant 1h30 (on vous dit, on était scotchés) comme de vieux amis. Ci-dessous son entretien, édité pour l’article :
L’éducation de Théodore
TD: J’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’ont bercé dans la culture et qui m’ont fait beaucoup voyager. Ils venaient à l’origine de milieux sociaux différents et m’ont transmis des héritages très complémentaires en fait. Mon père est Normalien et crée des noms de marques, et ma mère est love coach! C’est à dire qu’elle aide les gens à trouver l’amour. Mais aussi à dépasser les schémas psychologiques qui régissent les choix amoureux.
Bref, ces héritages différents et l’éducation que j’ai reçue m’ont rendu curieux. Et ils m’ont donné envie d’être dans la création, dans l’intérêt pour autrui et pour le monde. Ma mère particulièrement m’a fait baigner très tôt dans le milieu du développement personnel. Elle me parlait par exemple de la loi de l’attraction : on attire à soi qui on a envie d’être. C’est une chose à laquelle je pense souvent. Elle m’a aussi légué plein de valeurs comme le travail, le respect, l’humilité…
J’ai commencé à écrire très tôt, vers 10-11 ans peut-être. J’écrivais des nouvelles, des poèmes… Les mots me plaisaient. Ils me donnaient envie de jouer avec et faire des rimes, même si ça ne voulait pas toujours dire quelque chose!
C’est d’ailleurs pour cette raison que je me suis tourné vers le rap plus jeune. Et avec le rap tu n’as besoin que d’une feuille et d’un stylo (et Youtube) pour te lancer! C’est ce qui a de plus démocratique et de plus simple pour commencer, pas besoin de groupe ou d’instruments chers.
La naissance de Lord Esperanza
Vers 16 ans j’ai sorti mes premiers clips de musique sur Youtube. C’est un pote qui avait une caméra de base qui m’a filmé dans ma première vidéo. A l’époque j’avais une gestuelle super nulle, la voix était prise sur le vif… C’était on ne peut plus embryonnaire quoi! Mais c’était mes débuts, il faut pas en rougir. Enfin si j’en rougis mais bon, ils sont là, ils existent…
A l’époque je m’appelais seulement Speranza. Le nom était inspiré par Vendredi Ou La Vie Sauvage, D’Après “Vendredi Ou Les Limbes Du Pacifique” de Michel Tournier. En fait, j’avais adoré le fait que Vendredi appelle l’île sur laquelle il avait échoué “Speranza” (espoir en italien). Il était déterminé à ne pas perdre espoir justement, et ne pas se laisser embourber dans le malheur du naufrage et de la solitude.
C’est quelques années après que j’ai rajouté “Lord” avant. Parce que je voulais refléter une dualité que je développais dans ma musique. D’un côté il y avait une face poétique, romantique, fragile… donc Speranza. Et de l’autre se développait une face plus engagée, plus consciente, mais plus egotrip aussi… d’où le “Lord”! D’ailleurs à l’époque j’aimais aussi me faire appeler l’Enfant du Siècle (en référence à Alfred de Musset)… Cette dimension d’egotrip est évidemment historique dans le rap, mais c’est aussi de l’auto-persuasion. C’est se prouver à soi-même qu’on est capable de tout.
Les débuts
Evidemment, c’était hyper violent de se livrer “au monde” à 17 ans en publiant sur Youtube. Ca attire des commentaires négatifs, de la violence parfois… Et c’est un âge où t’es pas complètement construit! T’es encore dans l’ingratitude de l’adolescence et tu ne réagis pas pareil à 16 ans qu’à 22. Mais bon, on se fait à la critique. Après, j’ai des moments de manque de confiance comme tout le monde. Et d’ailleurs plus que de moments d’excès de confiance! Mais j’ai la chance d’avoir une communauté derrière moi qui est fidèle et investie. Et ça fait du bien.
En gros j’ai sorti mes vidéos sur Youtube et j’ai eu la chance de faire un featuring avec Django, un artiste qui a explosé avant que je sorte la vidéo. Et d’ici à ce qu’elle sorte il était devenu énorme, et ça a été le premier vrai coup d’accélérateur. Comme je suis un grand flippé j’avais prévu 4 clips d’avance, et courant 2017 dans la foulée de cette vidéo j’ai sorti 52 morceaux – un par semaine! J’ai aussi sorti Drapeau Noir et Polaroïd cette année-là.
J’ai arrêté la fac pour faire du rap. Je faisais de la communication mais j’ai même pas fini ma license! En fait je passais mon temps à écrire des textes en cours, donc j’ai redoublé… J’avais pas le truc scolaire, cette faculté que j’envie beaucoup d’apprendre des choses et de les restituer. Du coup, quand j’ai arrêté la fac, je me suis mis la pression en me disant qu’il fallait que j’y aille à fond. J’avais pas le droit à l’erreur.
Le milieu du rap
Le rap est un milieu hyper compétitif, d’autant plus aujourd’hui avec les réseaux sociaux et la dictature du chiffre… Tout le monde va déterminer qui tu es par le nombre de likes ou de vues que tu génères, le nombre de disques d’or ou le nombre de places vendues à tes concerts… On est dans une période où on starifie hyper vite mais en même temps on peut aussi créer des idoles pour leur taper dessus après.
Et en parallèle, il y a aussi un truc très tabou dans la musique en ce moment, c’est l’achat de streams et l’achat de vues. Pour Spotify par exemple, tu dois écouter un morceau 31 secondes pour que ton stream soit enregistré. Et donc du coup t’as des “fermes à stream” comme des fermes à clics qui vont jouer la chanson 31 secondes avant de la remettre à zéro et recommencer. J’ai jamais fait ça et de temps en temps j’avoue que j’ai l’impression de faire un tour de France en étant in des rares à pas avoir pris d’EPO!
Donc oui, parfois quand je me compare à d’autres artistes qui n’ont pas eu peur d’aller très vite et de se donner un coup de boost, j’ai pas l’impression d’aller vite. Mais bon, en octobre 2017 je faisais la Boule Noire, c’est 350 places, en mars on faisait complet à La Cigale, et en décembre 2019 je fais le Bataclan! Donc en 2 ans j’ai fait pas mal de chemin, et c’est incroyable.
Ses inspirations

Qui m’inspire? Stromae pour moi c’est une référence. C’est l’artiste francophone le plus génial, créatif et doué de ces dernières années dans toutes les dimensions! C’est un artiste complet! Musicalement c’est top, il écrit ses textes, il compose, il fait ses propres instru… Sa dimension scénique aussi est dingue. Il y a un concert de Stromae sur Youtube, et même si t’aimes pas la musique t’es obligé de rester ébahi. C’est un live qu’il a fait au Centre Bell de Montréal : c’est 2h de show incroyable.
Et après bah les Grands comme Balzac, Victor Hugo, Mozart, Amy Winehouse, Basquiat… Je pense que c’est chez eux qu’il faut aller puiser! Et après, ce qui m’inspire c’est tout! Mes proches, la vie, les émotions, mes lectures, la spiritualité, les angoisses existentielles, le cosmos, l’environnement…
Ce qui m’inspire justement c’est ceux qui vont à l’encontre des règles établies, comme le génial Bohemian Rhapsody de Queen, dont le producteur était affolé en entendant les maquettes! Le truc est un “opéra rock” de 6min, tu m’étonnes que le mec pensait que ça allait jamais marcher… Et on sait tous aujourd’hui que c’est le chef d’oeuvre de Queen. Et les Beatles ou Bowie aussi c’était pareil, ils ont changé le game!
Liberté créatrice
Moi j’ai la liberté de ne pas être assujetti à des pressions extérieures de directeurs artistiques etc parce que j’ai créé mon propre label. Du coup je me sens pas du tout bridé, je fais ce que j’aime. Et c’est pour ça que sur un album, on peut trouver une chanson salsa, une chanson électro, une chanson piano-voix… Parce que je trouve que les grands artistes ne se répètent pas. Pour moi les grands ont réussi à tout balayer parfois dans leur carrière en étant bons partout! Moi c’est mon ambition, c’est ce que j’aimerais faire.
Aujourd’hui je réfléchis à plein d’autres projets, pas forcément autour de Lord Esperanza mais autour du rap. Je serais pas forcément excellent partout mais j’aurais été curieux! Et j’ai envie d’essayer. Dans le milieu j’ai croisé des génies, mais moi c’est pas du tout mon cas! Je suis plutôt sur un créneau “travail”. Je suis complètement fasciné par les génies, mais je suis pas là-dedans. Et de toute façon je suis trop curieux et je veux essayer plein de choses.
Globalement j’essaye d’avoir un message positif. Il m’est arrivé parfois de commencer à écrire des textes super egotrip, ou lâcher une phrase sexiste… Et en fait je revenais dessus parce que j’avais pas envie de perpétuer des clichés dans le rap, et puis c’est pas moi. Le fait que ça touche des gens ça me donne encore plus envie de faire attention d’ailleurs, sans que ce soit de la censure non plus.
Son process créatif
Parfois pour écrire je pars avec des compositeurs et on va s’enfermer dans une maison à la campagne. Parfois j’écris pour d’autres aussi, plus des chansons pop généralement et c’est drôle!
Et puis parfois j’ai des potes qui font des prod (une instru, donc), et qui vont me l’envoyer. Ca ressemble à des notes avec des percussions, et après je vois ce que ça m’inspire. Pour commencer il va m’arriver de faire un “yaourt” d’abord. C’est-à-dire des paroles qui ne veulent rien dire (“na na na na naaaa nana na na naaaa”) qu’on pose sur une mélodie accrocheuse pour voir ce que le rythme donne. Et après je mets les mots.
Et après j’ai aussi des textes que j’écris et qui attendent encore d’être mis en musique. Par exemple, dans mes notes d’iPhone j’ai un dossier “Inspiration”. Là-dedans je note des thèmes dont j’ai envie de parler, des mots qui m’inspirent, des jeux de mots ou des rimes intéressantes. Ca me permet d’être structuré dans ma musique! Parce que sinon j’arriverais pas à suivre et à me souvenir de tout…
Il m’arrive aussi d’écrire un texte complet et d’y poser ensuite une musique, mais c’est plus rare. Et parfois ça vient ensemble, et c’est en écrivant que vient le rythme… Après le Graal clairement, c’est de pouvoir faire passer des messages forts avec des mélodies accrocheuses. Stromae arrive à faire ça magistralement! Les Beatles aussi d’ailleurs. C’est dingue, sur 400 chansons des Beatles tu dois en avoir 5 de mauvaises…
Le rapport au parfum de Théodore

Mon premier souvenir olfactif c’est mon père, les marais salants en Loire Atlantique quand j’allais voir ma grand-mère… L’odeur de la nature… Et tristement peut-être parce que je suis un citadin, j’adore l’odeur de la pompe à essence!
Je fais un métier d’image, il faut être un minimum présentable. Pour moi le parfum c’est la touche finale. En quelque sorte, ça met en confiance quand j’en met, c’est fondamental. Je me sens mal quand j’en mets pas.
J’ai mon premier parfum en tête, j’y ai repensé récemment…une horreur! Enfin il sentait bon, mais ça devait être dégueulasse chimiquement! J’avais 8 ou 9 ans peut-être, et c’était un parfum Pokémon. D’ailleurs à l’époque, la pote de ma grande soeur me le volait! Et ça me rendait ouf. Après il y a eu Axe, un déo parfum chocolat… enfin l’horreur, quoi! Mais c’était cool à l’époque.
Pourquoi mon Sillage? Il m’évoque pas mal de trucs rassurant : l’enfance un peu, et il a aussi une partie assez douce… Donc je pense que c’est une dimension rassurante que j’ai envie de projeter aussi.
Le Sillage de Théodore : un oriental frais en tête, et dont la température monte d’un coup. Ultra sensuel, avec des notes metalliques et épicées envoutantes, il finit par une explosion de bois ambrés.
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